Longtemps après, dans le même château...

2. FARCES ENFANTINES

de Diann Partridge

 

 

Alizia Aillard saisit sa jeune cousine par le bras, s’attendant à ce qu’elle se débatte. Mais Luz Valeron ne bougea pas. Elle resta immobile dans la cour de la Tour, retroussant à deux mains sa jupe boueuse pour découvrir ses jambes nues. Alizia abattit violemment sa badine et fouetta cinq fois les petits mollets sales. Luz ne cria pas une fois, son petit visage pointu aux mâchoires serrées, image presque identique de celui d’Alizia, plein de haine.

Les deux amis de Luz ne furent pas aussi stoïques. Korin Ardais, le plus jeune, s’était laissé entraîner, et il hurla à chaque coup de baguette. La mignonne Callina Alton supplia pitoyablement, des torrents de larmes coulant de ses grands yeux bleus. Alizia réduisit la sentence à trois coups, et le visage de Luz se rembrunit encore d’indignation.

– Maintenant, vous devez savoir que, dans toute l’histoire de la Tour de Thendara, personne n’a jamais fait une chose aussi terrible à sa Gardienne. De plus…

– Mais, ma Tante, ce n’était pas destiné à Dame Alaynna. Ça devait tomber sur Caleb. Et on a fait…

– Luz ! aboya Alizia, ne m’interromps pas. Tu as fait assez de sottises sans être impolie en plus. Ce que vous avez fait est mal, indépendamment de la personne à qui c’était destiné. Dom Caleb est un bon professeur, et vous n’apprendrez jamais à travailler dans une Tour si vous n’êtes pas capables de lui obéir. Vous êtes consignés dans vos chambres jusqu’à demain matin. Vous n’assisterez pas à la Fête du Solstice d’Eté ce soir, et vous serez privés de dîner. Vous resterez dans vos chambres jusqu’à ce que vos parents soient informés. Je suis sûre que vos mères auront honte de ce que vous avez fait.

– C’est pas ma mère, marmonna Luz.

– Silence ! Maintenant, allez dans vos chambres.

Ils tournèrent les talons tous les trois et quittèrent la cour, Korin reniflant, Callina toujours en larmes. Impénitente, Luz s’en alla la tête haute, martelant le sol de ses talons.

Alizia s’appuya contre le mur de pierre de la Tour, les épaules agitées de soubresauts. Izak Ardais, le moniteur de la Tour, s’approcha et lui toucha doucement l’épaule.

– Ne sois pas affectée comme ça par cette punition, Liz. Ces sales gosses l’ont bien méritée, surtout Luz. Nous savons tous que c’est elle la meneuse. Mais je ne comprends pas comment elle arrive à chaque fois à entraîner Callina dans ses frasques, car c’est une enfant timide. Allons, viens prendre un verre avant la Fête.

Alizia se redressa, et Izak constata avec stupéfaction qu’elle n’était pas secouée de sanglots, mais d’un rire irrépressible. Il ne comprendrait jamais ces femmes Aillard.

– Izak, tu aurais dû voir la tête de Dame Alaynna quand elle a reçu le contenu de ce pot de chambre sur la tête ! Il fallait que je me détende maintenant, sinon, je risquais de lui éclater de rire au nez. Je sais que c’était destiné à Caleb, mais, le ciel m’est témoin,’Zak, qu’elle est restée pétrifiée, comme dans un autre monde. Puis elle s’est mise à glapir comme si elle était piquée par une armée de fourmis-scorpions.

– C’est vraiment une farce de très mauvais goût, Alizia, et tu le sais. Et ce n’est pas le coup d’essai de Luz. Nous savons tous les deux qui a mis du baume analgésique dans la confiture, et qui a mis tous les lits en portefeuille. N’était le potentiel de son laran, qui est le plus élevé du nouveau groupe, on la renverrait chez elle immédiatement.

– Ne sois pas si vieux jeun,’Zak. J’ai fait ma formation télépathique avec Alaynna, et nous avons commis notre compte de farces, tu peux me croire. De plus, je sais que Luz n’a pas été très heureuse dans sa famille depuis la mort de sa mère. Son père s’est remarié immédiatement, et elle a toute une bande de petits frères et sœurs. Il lui faudra sans doute du temps pour réaliser que sa venue à la Tour est ce qui pouvait lui arriver de mieux. Un jour, elle s’en félicitera.

– Eh bien, ce jour ne viendra jamais top tôt pour moi. Hier encore, j’ai trouvé mes bottes pleines de sable. Je me demande qui a fait ça ?

– Moi aussi ! gloussa Alizia. Dis donc, tu n’avais pas parlé d’un verre ?

 

Luz claqua bruyamment la porte de sa chambre, puis la martela de ses poings.

Ce n’était pas juste, ragea-t-elle silencieusement, ce n’était pas juste. Elle se débarrassa de ses bottes d’intérieur et les envoya valser violemment contre le mur. Manquer la Fête était pire que les coups de badine. Elle l’attendait depuis si longtemps ! Sa robe était étalée sur une chaise. Elle la roula en boule avec colère et la fourra sous le lit. Non, ce n’était pas juste !

Plus elle y pensait, plus sa colère augmentait. Elle se jeta sur le lit, et hurla de fureur et de frustration dans son oreiller. Si sa mère vivait encore, elle ne serait pas enfermée dans cette Tour ; elle serait encore à la maison, où tout le monde l’aimait.

Penser à sa mère lui rappela aussitôt son père. Qu’il aille au diable, dans le plus froid des enfers de Zandru, pensa-t-elle. Il le méritait bien. Il n’avait même pas attendu six mois après la mort de Maman pour épouser cette idiote de fille Alton. Et la première chose qu’elle avait faite, c’est de m’envoyer ici. Et maintenant, je ne peux même pas assister à la Fête !

Elle chercha des yeux quelque chose à jeter, et son regard tomba sur la grosse pierre lisse que son père lui avait donnée quand elle avait quitté les montagnes de Valeron.

– Comme ça, avait-il dit avec douceur, tu auras toujours un morceau de ton foyer avec toi.

Elle referma fermement la main dessus et la jeta de toutes ses forces vers la cheminée.

La pierre s’y écrasa dans des craquements satisfaisants. Puis il y eut des grincements, et Luz, éberluée, vit glisser le côté gauche de la cheminée, découvrant un rectangle de ténèbres.

Sa chambre et celles des autres jeunes se trouvaient dans la partie du Château Comyn la plus ancienne et la plus froide. Il avait fallu à Luz plusieurs décades pour s’habituer à la neige et au froid de Thendara, après la chaleur sèche de Valeron. Et cette minuscule cellule humide n’avait rien de comparable à la grande chambre aérée qu’elle avait à la maison. Un point de plus contre tous ceux qui l’avaient envoyée ici. Mais cette chambre avait une cheminée qui occupait tout un mur. Le manteau en était en pierre blanche translucide, abondamment orné de fleurs et d’animaux sculptés.

Elle se laissa glisser de son lit et s’approcha silencieusement de la cheminée. La pierre avait frappé la forme bizarre d’un petit animal au dos rond qu’elle ne reconnut pas. Elle n’avait jamais bien regardé ces sculptures. Tendant la main, elle toucha l’animal. Il ne bougea pas. Elle poussa plus fort, et cette fois, il se rétracta. la cheminée se referma. Luz poussa une fois de plus. La cheminée se rouvrit.

Elle s’assit, entourant ses jambes de ses bras, son petit menton pointu posé sur ses genoux. Un panneau secret. Cela pouvait mener, dans une chambre secrète. Un endroit où elle pourrait se cacher et où personne ne la trouverait. Ça leur apprendrait. Ils seraient vraiment retournés de ne pas la trouver. Son père la reprendrait à la maison s’ils ne s’occupaient pas mieux d’elle. Elle allait leur montrer !

Elle passa la tête dans l’ouverture et conjura une lumière. Conjurer de la lumière était la chose la plus facile qu’elle avait apprise à la Tour. La clarté orange lui révéla un tunnel entre les murs. Il y avait une protubérance à l’intérieur et elle la poussa en se relevant. Elle ouvrait et fermait le panneau de l’intérieur. Elle ressortit, souriant jusqu’aux oreilles.

Etre privée de dîner n’était pas une grande punition. Tous les apprentis étaient abondamment ravitaillés en fruits, noix et bonbons au miel de kireseth. Luz en rassembla une partie, qu’elle noua dans un tablier. Puis elle mit plusieurs gros pulls les uns sur les autres, une jupe propre, une culotte et des bas de laine. Remettant ses bottes de daim souple, elle décida de prendre aussi un châle qu’elle drapa sur ses épaules, nouant les extrémités sur sa poitrine. Elle saisit le tablier et se baissa pour entrer dans l’ouverture. Conjurant la lumière, elle poussa la protubérance intérieure et écouta le panneau se refermer avec une satisfaction croissante. Ça leur apprendrait !

Le tunnel descendait en tournant sur plus de deux cents pas. Elle les comptait. L’air sentait le moisi et le renfermé. Puis elle se retrouva devant un mur de métal, encastré entre les deux parois du tunnel. Du froid montait du sol, qu’elle sentait à travers ses bottes, mais le mur était chaud. Elle y passa les mains, mais ne trouva ni bouton ni poignée. Se rappelant ce que Dom Caleb avait dit de l’usage du laran, Luz prit une profonde inspiration et calma ses pensées.

Tout le monde disait qu’elle avait du potentiel. Elle se força à se concentrer sur le mur, lui ordonnant mentalement de s’ouvrir. Elle caressa mur lisse et chaud, avec l’impression qu’il était vivant sous ses mains. Il y avait une marque à droite, à la hauteur de sa taille. Elle était gauchère, et elle était maladroite de la main droite. Concentrant toutes ses pensées, tout son laran sur cette marque, elle lui ordonna de s’ouvrir. Elle sentit une série de déclics sous ses doigts, puis le mur glissa vers le haut et se rétracta dans le plafond.

Elle entra. Sa lumière tremblota, baissa, et s’éteignit tout à fait. Elle recula, collée contre la paroi, puis, émerveillée, elle vit s’allumer des bandes lumineuses en haut des murs. Une cloche tinta doucement, une fois, deux fois, trois fois.

Luz était à l’entrée d’une vaste salle circulaire. C’était une salle de travail de la Tour, de ça, elle était certaine, mais bizarrement différente. Il y avait là plus de métal qu’elle n’en avait jamais vu de sa vie. Les chaises, les tables, les écrans de matrices, les tabourets et les bancs, tout était en métal ; une rançon de Gardienne en métal. Elle joignit les mains et éclata de rire, ravie.

Et il faisait chaud. Délicieusement chaud. Après avoir supporté deux saisons de neige et de froid à Thendara, cette chaleur lui parut merveilleuse. Elle ôta ses pulls, ses bas, sa culotte et même son jupon. Ne gardant que sa jupe et sa chemise, elle se mit à danser pieds nus autour de la pièce. Les chaises, découvrit-elle, étaient toutes à roulettes. Elle les propulsa dans toutes les directions, et les fit tourner aussi. Luz s’assit sur l’une d’elles et tournoya comme une toupie jusqu’au vertige.

Les écrans de matrices étaient énormes. Et vides. Luz n’arrivait pas à imaginer une pierre-étoile assez grosse pour y prendre place. La puissance qu’ils pouvaient générer serait incroyable. Elle trouva un bloc-notes encastré dans chaque bureau, avec un crayon attaché par une chaînette. Elle enroula une chaînette autour de son poignet, se disant que ça ferait un très joli bracelet. Posant le crayon sur le bloc, elle s’aperçut qu’il y laissait des marques. Elle s’assit et écrivit soigneusement son nom, en grosses majuscules appliquées. Au moins elle avait retenu ça des cours de Dom Caleb.

Tout à coup, une sonnerie aiguë retentit, et Luz sursauta. Une section du mur s’alluma sur sa gauche, et une voix se mit à répéter sans discontinuer : attention ! intrus ! travailleur de tour non admis a cette station ! attention ! intrus ! Les lettres de l’annonce se mirent à apparaître dans les bandes lumineuses des murs, défilant de gauche à droite sans discontinuer.

La peur n’était pas chose nouvelle pour Luz. Elle s’était souvent endormie en pleurant depuis la mort de sa mère. Mais extérieurement, et pour les adultes, c’était une enfant intrépide, du genre « arrive que pourra ». Mais ce genre de peur à couper le souffle était nouveau pour elle. Elle lutta contre son envie de hurler, et n’émit qu’un faible gémissement. Se blottissant sous un bureau, dans l’espace réservé aux jambes, elle cacha sa tête dans ses bras. Cette voix, quelle qu’elle fût, lui vrillait la cervelle.

Et ça continua, jusqu’au moment où Luz se dit qu’elle allait vraiment hurler. Elle se força à sortir de sa cachette et courut à la porte. Elle s’était refermée, et aucune concentration de pensée ne pourrait la rouvrir. Qui aurait pu penser avec calme dans ce tintamarre ?

Les mots changèrent. Maintenant, la voix criait : action affirmative requise immediatement. le niveau quatre a été atteint.

 Ce message se répéta interminablement. Luz se plaqua contre la porte fermée. La salle devenait de plus en plus froide, aspirant la chaleur de son corps. Pourquoi ne venait-il personne pour la sauver ? Elle hurla, martelant la porte de ses poings. Il y eut derrière elle comme un bruit de bouchon qui saute ; elle pivota brusquement, et, pétrifiée de terreur, regarda une matrice fantôme qui prenait lentement forme dans un écran. A chacune de ses respirations haletantes, la pierre-étoile se solidifiait, des filets d’or tournoyant entre ses facettes bleues. Elle frictionna ses bras froids de ses mains glacées, mais ses vêtements étaient de l’autre côté de la pièce, et elle avait trop peur pour bouger. L’écran s’inclina et se tourna lentement vers elle. Une seconde, à l’intérieur du bleu tournoyant, Luz aurait juré qu’elle avait vu un visage, au sourire affamé et avide. La lumière fulgura vers elle, renvoyée en un faible écho par la petite pierre-étoile qu’elle portait autour du cou dans un sachet. Elle sentit une faim dévorante l’envelopper, et elle n’eut que le temps de hurler mentalement : au secours ! avant que la puissance de la matrice ne l’attire à l’intérieur de la pierre.

Le hurlement déchirant mourut, et la voix prononça de nouvelles paroles : action affirmative terminee. Retour au niveau un. L’éclat des bandes murales lumineuses s’adoucit, s’éteignit. Le froid se dissipa et la chaleur revint. Tout ce qui restait de l’intrus, c’était un petit tas de vêtements sales près d’un bureau.

 

Les migraines prédominaient le matin qui suivit la Fête du Solstice d’Eté. Ne se levèrent que les serviteurs qui y étaient forcés. Les travailleurs de la Tour mirent plusieurs jours à réaliser que Luz restait introuvable. On ouilla tout le château, et si l’on trouva les os blanchis du chien préféré du Seigneur Fergus, personne ne trouva une fillette rousse. Les recherches furent donc étendues à toute la Cité, puis aux environs, mais sans succès. Son père arriva aussitôt à Thendara, bouleversé et indigné que son aînée n’ait pas été mieux protégée. Elle n’était pas morte, ils en étaient certains. Sa pierre-étoile paraissait sur les écrans de la Tour. En fait, cela leur apprit aussi qu’elle était quelque part à l’intérieur du Château Comyn. Mais personne ne parvint à la trouver.

Tout le monde savait que c’était un tour, une blague inventée par Luz. Ses complices habituels furent interrogés jusqu’à ce qu’ils fondent en larmes, mais ils n’avaient aucune idée de l’endroit où elle pouvait être. Finalement, tout le monde renonça à la retrouver. Son père rentra chez lui. Ils savaient tous qu’elle reviendrait quand bon lui semblerait, et pas une minute plus tôt.

Plusieurs mois après sa disparition, une grosse tempête commença à se masser au nord de Thendara. Par leurs écrans, les travailleurs de la Tour savaient que le blizzard et la neige allaient paralyser la Cité et les environs. Le groupe d’Alizia se rassembla dans la Tour du nord. Sous la direction de la Gardienne Alaynna, ils allaient dévier la tempête vers les collines stériles d’Alton.

Ils commencèrent à travailler sur un petit écran de matrices, composé de bois tressé et d’une pierre-étoile de la taille de la paume. En sa qualité de moniteur, Izak Ardais fut le premier à remarquer le froid. Il réalisa que la pierre bleue aspirait lentement toute la chaleur de la pièce, drainant aussi celle des assistants. Il s’efforça d’atteindre la pierre, son haleine se condensant en buée devant sa bouche. Son groupe était en rapport profond avec la pierre, tous partis dans le surmonde au nord de la tempête. Le froid pénétra en lui comme un coup de poignard. Il regarda, impuissant, la pierre se figer, puis se craqueler et exploser. Les éclats volèrent à travers la pièce, dont l’un lui coupa une joue.

Le froid se dissipa. Mais avant sa disparition complète, il aurait juré qu’il avait entendu un rire d’enfant. C’était un rire ravi, qui ressemblait absurdement à celui de Luz Valeron. Mais c’était impossible. Elle ne pouvait pas être à l’intérieur de la matrice.

Il aida ses compagnons à revenir à eux, et il n’y pensa plus. L’explosion de la pierre-étoile représentait une immense perte. Mais le choc en retour n’avait pas été aussi violent qu’il le craignait. Au moins, il n’y avait pas eu d’incendie. Tous avaient été projetés hors au rapport au moment de l’explosion. Ils souffraient tous d’hypothermie et de gelures, à des degrés divers. D’autres travailleurs accoururent de toute la Tour pour les secourir.

Alizia était assise près d’Izak, enveloppée dans une couverture, une tasse de jaco chaud dans les mains. Elle avait les doigts couverts de baume analgésiant. Elle le regarda d’un air perplexe, tandis qu’on soignait sa coupure.

– Louée soit Avarra que l’éclat n’ait pas frappé un pouce plus haut, ou tu perdais un œil. Et la blessure n’est pas assez profonde pour nécessiter des points de suture. Si tu ne grimaces pas pendant un jour ou deux, tu n’auras même pas de cicatrice.

Il remercia sa soigneuse et elle partit.

– Je ne sais pas ce qui s’est passé, Liz. Je monitorais comme d’habitude. C’est juste que le froid était là, à l’intérieur de la pièce. Comme si nous étions au cœur de la tempête.

Dehors, la neige se mit à tomber. Le vent fouettait les fenêtres et hurlait autour des auvents.

– Je n’en ai parlé à personne,’Zak, mais juste avant que le rapport ne se rompe avec l’explosion de la pierre, je jurerais avoir entendu le rire de Luz.

Il la regarda, en état de choc, les yeux dilatés.

– Tu l’as entendue aussi, hein ?

Il acquiesça de la tête.

– Alizia, si elle a trouvé le moyen d’entrer dans une matrice, ses farces n’auront plus de fin. Nous ne serons jamais tranquilles.

Alaynna ai Asturien entra majestueusement en boitillant sur ses pieds affectés de gelures, sa robe de chambre frôlant le sol.

– Je n’en crois pas mes oreilles. Que vous puissiez croire, et vous deux en particulier, que cette enfant a provoqué cet accident ! Vous devriez pourtant le savoir. Personne, à part une Hastur, n’a le pouvoir d’entrer dans une pierre-étoile et d’y travailler. Pas même la Gardienne la plus puissante de l’histoire ne pourrait le faire, et à plus forte raison une enfant sans formation. Je ne veux pas que vous répétiez cette sottise aux autres, vous m’avez comprise ? Ce qui est arrivé n’est qu’un simple accident. Nous avons sous-estimé la force de la tempête. Réjouissons-nous que personne n’ait été tué.

Alizia et Izak se regardèrent, sans voix.

– Maintenant, je vais m’allonger dans ma chambre. Mais avant de vous retirer, je veux que vous interrogiez tous les deux les apprentis, pour savoir qui a mis du sable dans mes souliers ce matin. Ces farces enfantines doivent cesser.

Sur ce, elle se retourna et sortit. Comme elle passait la porte, un lointain rire d’enfant résonna, sorti de nulle part. Alizia et Izak se regardèrent, et elle branla du chef.

– Je n’ai rien entendu, dit-elle. Et toi ?

L'Empire Débarque
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